M. Croisier et
ses collègues6 ont publié en 2002 un article qui avait pour but de
déterminer si la récupération complète des déficits de force et la correction
du ratio agoniste/antagoniste au genou pouvaient diminuer l’incidence de
blessure aux ischio-jambiers lors du retour au sport après une blessure
initiale. Ils ont inclus 26 athlètes masculins. Chaque sujet a fait un bilan
isocinétique concentrique en flexion et extension de genou à 60 et
240°/seconde. Par la suite, ils ont exécuté un bilan excentrique à 30 et
120°/seconde seulement des fléchisseurs du genou.
Ils ont
analysé le moment de force maximal, la comparaison des données isocinétiques bilatérale,
le ratio ischio-jambiers/quadriceps (IJ/Q) concentrique et un ratio mixte
associant la performance des fléchisseurs excentrique à 30°/seconde à
l’extension concentrique à 240°/seconde (IJexc30/Qcon240). Comme l’étude présentée
dans le résumé des articles sur la prévention des blessures, Croisier a choisi
des cut-offs qui étaient une
différence bilatérale de force de plus de 15%, un ratio concentrique de moins
de 0,47 et un ratio mixte de moins de 0,80 comme un indicateur de déficit musculaire.
Les sujets
ayant des déficits ont débuté un programme d’entraînement spécifique à leur
condition qui contenait : un échauffement et des exercices en concentrique
et/ou en excentrique dans les vitesses déficitaires. Le nombre de répétitions
allaient de 4 (en basse vitesse) à 8 (en haute vitesse) et on demandait une
intensité maximal lors des contractions concentriques et les exercices
excentriques étaient progressivement augmentés jusqu’à contraction maximale
(pour éviter les courbatures musculaires post-exercice). Le programme
d’entrainement était faits 3 fois par semaine et les patients devaient aussi
faire des exercices d’étirement et recevaient tous un traitement de TENS.
Voici deux vidéos de renforcement excentrique des ischio-jambiers qui ont été fait par les participants:
L’évaluation
isocinétique était refait après chaque phase de 10 traitements et le programme
terminait lorsque le sujet dépassait les cut-offs
suivants : moins de 5% de déficit bilatéral, le ratio concentrique de plus
de 0,57 et un ratio mixte de plus de 0,98. Par la suite, les athlètes
retournaient au sport tout en continuant certains exercices de renforcement et
d’étirement et un suivi était fait avec eux jusqu’à 12 mois après le
traitement.
Les
résultats :
-
Au début de l’étude :
·
Le moment de force maximal concentrique était
diminué d’en moyenne 11% ± 20% (à 60°/seconde) et de 10% ± 21% (à 240°/seconde)
comparativement au côté sain.
·
Le déficit aux tests excentriques étaient quant
à eux de 22% ± 24% (à 30°/seconde) et de 24% ± 21% (à 120°/seconde).
·
Le ratio IJ/Q concentrique n’était pas
significativement différent entre le côté blessé et le côté sain. Par contre,
l’analyse a démontré une variation interindividuelle importante entre les
sujets :
o
À 60°/seconde en concentrique, 9 des 26 sujets
avait un ratio plus bas de 0,47.
o
Le ratio mixte IJexc30/Qcon240 du côté blessé était
significativement réduit (0,73 ± 0,24) lorsque comparé au côté sain (0,90 ±
0,16).
·
18 des 26 sujets avaient un déficit significatif
dans l’un des trois paramètres ciblé pour l’étude :
o
8 sur 26 avaient des asymétries bilatérales de
la force en concentrique
o
14 sur 26 avait des asymétries bilatérales de la
force en excentrique
o
9 sur 26 avait un ratio IJ/Q concentrique sous
le 0,47
o
16 sur 26 avait un ratio mixte IJexc30/Qcon240
sous le 0,80
·
La douleur des participants était en moyenne de
5,9 ± 1,1 sur 10 sur l’échelle visuelle analogue. Lors du retour au sport, le
score était de 0,9 ± 0,6 sur 10 et est resté constant pendant l’année complète.
- 17 des 18 sujets ayant fait le programme
d’exercice a retrouvé des performances normales. Les traitements ont durés
entre 10 et 30 rendez-vous et il n’y avait pas de corrélation entre la durée
des traitements et l’importance des déficits notés.
-
Aucun athlète n’a eu de nouvelles blessures aux
ischio-jambiers durant la période de suivi de 12 mois.
On voit très
bien dans cette étude toute l’importance d’un programme de rééducation
spécifique aux déficits chez des athlètes ayant eu une blessure aux
ischio-jambiers. Les cliniciens devraient donc non seulement testé leurs
patients dans un mode concentrique, mais aussi en excentrique afin de bien
cibler les déficits et exécuter par la suite un programme d’exercice propre aux
déficits de l’athlète.
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