L'intérêt de l'isocinétisme

Bienvenue sur le blogue du Centre d'expertise isocinétique (C.E.I).

Étudier le comportement en mouvement des groupes musculaires grâce à l’analyse de données informatiques, voilà ce que permet le bilan isocinétique. Le recours à cette technologie de pointe procure une collecte de données fiables, véritable reflet de la condition musculaire.

Sur ce blogue, vous trouverez une panoplie d'informations reliées à la prise en charge isocinétique que ce soit sur l'aspect préventif, sur la rééducation pathologique ou bien sur l'entrainement spécifique des blessures.

Bonne lecture!

vendredi 28 octobre 2016

Le renforcement isocinétique et les blessures aux ischio-jambiers



M. Croisier et ses collègues6 ont publié en 2002 un article qui avait pour but de déterminer si la récupération complète des déficits de force et la correction du ratio agoniste/antagoniste au genou pouvaient diminuer l’incidence de blessure aux ischio-jambiers lors du retour au sport après une blessure initiale. Ils ont inclus 26 athlètes masculins. Chaque sujet a fait un bilan isocinétique concentrique en flexion et extension de genou à 60 et 240°/seconde. Par la suite, ils ont exécuté un bilan excentrique à 30 et 120°/seconde seulement des fléchisseurs du genou.


Ils ont analysé le moment de force maximal, la comparaison des données isocinétiques bilatérale, le ratio ischio-jambiers/quadriceps (IJ/Q) concentrique et un ratio mixte associant la performance des fléchisseurs excentrique à 30°/seconde à l’extension concentrique à 240°/seconde (IJexc30/Qcon240). Comme l’étude présentée dans le résumé des articles sur la prévention des blessures, Croisier a choisi des cut-offs qui étaient une différence bilatérale de force de plus de 15%, un ratio concentrique de moins de 0,47 et un ratio mixte de moins de 0,80 comme un indicateur de déficit musculaire.

Les sujets ayant des déficits ont débuté un programme d’entraînement spécifique à leur condition qui contenait : un échauffement et des exercices en concentrique et/ou en excentrique dans les vitesses déficitaires. Le nombre de répétitions allaient de 4 (en basse vitesse) à 8 (en haute vitesse) et on demandait une intensité maximal lors des contractions concentriques et les exercices excentriques étaient progressivement augmentés jusqu’à contraction maximale (pour éviter les courbatures musculaires post-exercice). Le programme d’entrainement était faits 3 fois par semaine et les patients devaient aussi faire des exercices d’étirement et recevaient tous un traitement de TENS.

Voici deux vidéos de renforcement excentrique des ischio-jambiers qui ont été fait par les participants:




L’évaluation isocinétique était refait après chaque phase de 10 traitements et le programme terminait lorsque le sujet dépassait les cut-offs suivants : moins de 5% de déficit bilatéral, le ratio concentrique de plus de 0,57 et un ratio mixte de plus de 0,98. Par la suite, les athlètes retournaient au sport tout en continuant certains exercices de renforcement et d’étirement et un suivi était fait avec eux jusqu’à 12 mois après le traitement.

Les résultats :
-          Au début de l’étude :
·         Le moment de force maximal concentrique était diminué d’en moyenne 11% ± 20% (à 60°/seconde) et de 10% ± 21% (à 240°/seconde) comparativement au côté sain.
·         Le déficit aux tests excentriques étaient quant à eux de 22% ± 24% (à 30°/seconde) et de 24% ± 21% (à 120°/seconde).
·         Le ratio IJ/Q concentrique n’était pas significativement différent entre le côté blessé et le côté sain. Par contre, l’analyse a démontré une variation interindividuelle importante entre les sujets :
o   À 60°/seconde en concentrique, 9 des 26 sujets avait un ratio plus bas de 0,47.
o   Le ratio mixte IJexc30/Qcon240 du côté blessé était significativement réduit (0,73 ± 0,24) lorsque comparé au côté sain (0,90 ± 0,16).
·         18 des 26 sujets avaient un déficit significatif dans l’un des trois paramètres ciblé pour l’étude :
o   8 sur 26 avaient des asymétries bilatérales de la force en concentrique
o   14 sur 26 avait des asymétries bilatérales de la force en excentrique
o   9 sur 26 avait un ratio IJ/Q concentrique sous le 0,47
o   16 sur 26 avait un ratio mixte IJexc30/Qcon240 sous le 0,80
·         La douleur des participants était en moyenne de 5,9 ± 1,1 sur 10 sur l’échelle visuelle analogue. Lors du retour au sport, le score était de 0,9 ± 0,6 sur 10 et est resté constant pendant l’année complète.
-         17 des 18 sujets ayant fait le programme d’exercice a retrouvé des performances normales. Les traitements ont durés entre 10 et 30 rendez-vous et il n’y avait pas de corrélation entre la durée des traitements et l’importance des déficits notés.
-          Aucun athlète n’a eu de nouvelles blessures aux ischio-jambiers durant la période de suivi de 12 mois.


On voit très bien dans cette étude toute l’importance d’un programme de rééducation spécifique aux déficits chez des athlètes ayant eu une blessure aux ischio-jambiers. Les cliniciens devraient donc non seulement testé leurs patients dans un mode concentrique, mais aussi en excentrique afin de bien cibler les déficits et exécuter par la suite un programme d’exercice propre aux déficits de l’athlète.

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