L'intérêt de l'isocinétisme

Bienvenue sur le blogue du Centre d'expertise isocinétique (C.E.I).

Étudier le comportement en mouvement des groupes musculaires grâce à l’analyse de données informatiques, voilà ce que permet le bilan isocinétique. Le recours à cette technologie de pointe procure une collecte de données fiables, véritable reflet de la condition musculaire.

Sur ce blogue, vous trouverez une panoplie d'informations reliées à la prise en charge isocinétique que ce soit sur l'aspect préventif, sur la rééducation pathologique ou bien sur l'entrainement spécifique des blessures.

Bonne lecture!

vendredi 13 mars 2015

L’effet de l’entraînement isocinétique sur la force, la fonction et la proprioception des athlètes ayant une instabilité de cheville


Les blessures à la cheville sont très communes pendant les activités sportives; 85% des traumas sont des entorses en inversion! Les récidives sont tout aussi fréquentes et 40% des gens reste avec de l’instabilité (Safran 1999).

L’intérêt des bilans isocinétiques dans cette situation clinique prend ainsi tout son sens puisque plusieurs études (Tropp 1986, Konradsen et al. 1998 et Kaminski 2003 entres autres) démontrent qu’un déséquilibre du ratio agoniste-antagoniste (éverseurs/inverseurs) ainsi que la vitesse de contraction des éverseurs sont des facteurs de risque considérable pour les récidives d’entorse à la cheville.

On comprend donc que de documenter ces paramètres améliorent grandement nos interventions cliniques. Mais est-ce que l’entraînement isocinétique permet une plus value lorsqu’une cheville demeure instable même suite aux traitements conventionnels?


C’est la question que se sont posée Ufuk Sekir et ses collègues dans l’étude ci-contre où ils comparent les paramètres isocinétiques sur les 2 chevilles de 24 hommes athlètes récréatifs ayant une instabilité fonctionnelle unilatérale de cheville. 11 des 24 participants avaient une atteinte du membre inférieur dominant et les 13 autres du côté non dominant (veuillez noter que selon l’étude de Munn J. et al (2002), il n’y a pas de différence significative au niveau de la force de cheville du côté dominant ou non dominant chez une personne n’ayant pas eu de blessure à ce niveau). L’âge moyen des participants était de 21 ans et ils devaient avoir eu au moins 2 entorses modérées à une même cheville pour pouvoir intégrer l'étude.

La proprioception fut évaluée de 2 façons :
·     Un mouvement passif précis de la cheville produit par l'appareil d'isocinétisme qui devait être reproduit par le sujet qui avait les yeux bandés
·   Équilibre unipodal debout sur une surface cousinée (medium-density polyfoam), yeux fermés, 1 minute

Les habiletés fonctionnelles furent évaluées par 5 différents tests : single limb hopping course (SLHC), one legged (OLHD) and triple legged hop for distance (TLHD), six meter (SMHT) and cross six meter hop for time (CSMHT).

La force fut évaluée à l’aide des paramètres isocinétiques suivant : la force maximale des inverseurs et éverseurs de la cheville en concentriques et excentriques à 120 degrés/seconde.

Les déficits que présentait la cheville instable par rapport à la cheville saine étaient :
·            Diminution de force concentrique des inverseurs
·    Diminution importante de la proprioception en inversion (position de la cheville dans l’espace)
·            Diminution significative du résultat d’équilibre unipodal de la cheville atteinte
·         Le temps d’exécution pour les trois tests fonctionnels (SLHC, SMHT, CSMHT) était tous plus lent et la distance dans le OLHD était moins loin avant l’intervention clinique.

Les participants ont effectué un programme d’exercice isocinétique 3x/semaine pour une période de 6 semaines pour leur cheville instable.

Résultat/conclusion :

Le programme utilisé a eu un effet positif sur les paramètres de force, fonction et proprioception de la cheville.
·             Amélioration de la force maximale seulement en concentrique des inverseurs
·   Amélioration de la proprioception; capacité de reproduire plus précisément le positionnement de la cheville dans l’espace en inversion à 10 et 20 degrés et une amélioration du test d’équilibre unipodal
·          Performance fonctionnel : il n’y a pas eu de changement pour la cheville saine, mais une amélioration des paramètres des 5 tests pour la cheville instable.

Réflexion :

Cette étude démontre bien le déficit de force musculaire d’une cheville instable par rapport à la cheville opposée chez un même sujet. Il aurait été intéressant de voir l’amélioration suite à un travail de renforcement sur 12 semaines. Par contre, il est tout de même intéressant de voir que simplement avec un travail isocinétique on peut avoir une progression au niveau de la proprioception et de certains aspects de performance chez un athlète qui ne pouvait être à son meilleur avec une cheville instable. Ainsi, on peut réduire le risque de récidives d’entorse et redonner à l’athlète la chance que sa cheville instable redevienne aussi performante que l’autre (ou du moins presque). D’un côté clinique, l’évaluation isocinétique ainsi que le traitement prennent tout son sens pour détecter ce qui est vraiment à cibler pour chacun de nos patients dans une rééducation de cheville afin de diminuer l'instabilité résiduelle et diminuer les risques de récidive. Est-ce que le muscle en question a un déficit en force? En vitesse? À quel angle? Ce sont des questions auxquelles l’analyse sur appareil isocinétique peut répondre.

Résumé écrit par Myriam Gagnon-Beaudoin, TRP collaboratrice pour le C.E.I.


Source :

Sekir Ufuk et al., Effect of isokinetic training on strength, functionality and proprioception in athletes with functional ankle instability. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc (2007) 15:654–664. DOI 10.1007/s00167-006-0108-8. PubMed PMID : 16770637. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16770637

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